1. Analogie
En algèbre basique, la solution de l’équation suivante est appelée l’inverse :
La solution de $(1)$ est $\frac{1}{a}$ qu’on écrit aussi $a^{-1}$.
En algèbre linéaire, l’équivalent de $(1)$ donne :
Dans $(2)$, $I$ est appelée la matrice identité. Elle est composée de $1$ sur sa diagonale et le reste par des $0$, comme cela : $\left( \begin{smallmatrix} 1 & \cdots & 0 \\ \vdots & \phantom{/} 1 & \vdots \\ 0 & \cdots & 1 \end{smallmatrix} \right)$.
2. Calcul
La matrice inverse de $A=\left(
\begin{smallmatrix}
a_{1,1} & \cdots & a_{1,n} \\
\vdots & \cdots & \phantom{1}\vdots \\
a_{n,1} & \cdots & a_{n,n}
\end{smallmatrix}
\right)$ s’obtient en divisant la matrice transposée des cofacteurs, notée $C^{T}$, par le déterminant de $A$ :
Il y a dans $(3)$ deux concepts nouveaux. Premièrement, la matrice des cofacteurs (ou comatrice), deuxièmement la matrice transposée.
Commençons par expliquer comment transposer une matrice. Transposer une matrice revient à convertir ses lignes en colonnes.
Exemple I
Soit $A=\left( \begin{smallmatrix} -5 & 0 \\ -8 & -1 \end{smallmatrix} \right)$. Calculons sa transposée.
Voyons maintenant la matrice des cofacteurs. Le cofacteur $c_{i,j}$ de $a_{i,j}$ est défini comme suit :
Dans $(5)$, $D_{i,j}$ est le déterminant de $A$ sans la ligne $\textbf{i}$ et sans la colonne $\textbf{j}$.
Exemple II
Soit $A=\left( \begin{smallmatrix} -5 & 0 \\ -8 & -1 \end{smallmatrix} \right)$. Calculons le $D_{1,2}$ de $A$.
Exemple III
Soit $A=\left( \begin{smallmatrix} 2 & 1 \\ 5 & -1 \end{smallmatrix} \right)$. Calculons son inverse.
Commençons par calculer son déterminant :
Calculons maintenant la matrice des cofacteurs :
On transpose $C$ et on peut obtenir la matrice inverse de $A$:
3. Fonction inverse
De manière plus générale, on peut voir la matrice inverse comme une fonction inverse.
En analyse, une fonction inverse, notée $f^{-1}$, permet de revenir sur le point de départ, comme l’illustre la Figure 10.1.
Or, une fonction $f$ a une inverse seulement si elle est bijective.
Une bijection est une fonction qui a une propriété particulière.
Chaque élément de l’ensemble de départ est associé, par la fonction, à un unique élément de l’ensemble d’arrivée et réciproquement. La Figure 10.2 illustre cette propriété.
Exemple IV
Soit $t$ :
$t$ n’est pas bijective car plusieurs $\vec{x}$ qui sont associés à $\vec{y}=\left( \begin{smallmatrix} 0 \\ 0 \end{smallmatrix} \right)$.
En effet, si on décompose, $x_1
\left( \begin{smallmatrix} 2 \\ -6 \end{smallmatrix} \right) + x_2 \left( \begin{smallmatrix} 1 \\-3 \end{smallmatrix} \right) =
\left( \begin{smallmatrix} 0 \\ 0 \end{smallmatrix} \right)$ a une infinité de solutions car les vecteurs sont linéairement dépendants.
Récapitulation
L’inverse de $A$, noté $A^{-1}$, a la propriété suivante : $AA^{-1} = A^{-1}A = I$.
Une fonction $f$ a une inverse, notée $f^{-1}$, seulement si elle est bijective. Par conséquent, pour avoir une inverse, une matrice doit remplir deux conditions:
- elle doit être carrée
- ses colonnes doivent être linéairement indépendantes
$A^{-1}$ s’obtient divisant la matrice transposée des cofacteurs par le déterminant de $A$, soit :